lundi 8 août 2011

L'armée, ça vous forme la jeunesse

Voilà une bien étrange lecture que ces "Quatre soldats", de Hubert Mingarelli (en poche, chez Points).




Nous sommes en 1919, l'Armée Rouge est éparpillée et a dû se réfugier dans une forêt pour passer le rude hiver à peu près à l'abri. Ils sont quatre jeunes hommes, appartenant à des régiments différents, à se retrouver là. Il y a Bénia, le narrateur, Pavel, le chef de bande, Kyabine, le géant Ouzbek un peu simplet et Sifra, le plus adroit, meilleur tireur mais aussi le plus timide. Entre ces quatre-là, une amitié solide va se former. Ils vivent dans la même cabane, puis dans la même tente, se mêlent peu aux autres, passent une partie de leur journée au bord d'un étang ou dans une station de chemin de fer abandonnée, loin du reste de la troupe. Et, alors que les jours passent, que l'hiver cède petit à petit sa place au printemps, ces quatre soldats s'amusent presque comme des gosses, passent le temps à des futilités, oublient la guerre et la violence...

Un jour, on leur affecte un jeune soldat, Evdokim, un jeune paysan qui a rejoint la troupe. D'abord méfiants, Bénia et ses copains acceptent finalement le garçon, plus encore quand ils découvrent que Evdokim sait écrire et qu'il va pouvoir raconter leur vie près de cet étang et leurs "exploits".

Mais bientôt, il faut repartir. Repartir vers le front. Les quatre soldats et Evdokim vont alors se remettre en route vers leur destin, inexorablement.

Un roman au style minimaliste (oui, je sais, ça fait cliché, mais pourtant, c'est bien le mot juste), épuré, presque détaché. Mais également, sombre, désespéré. On est dans l'oeil du cyclone quand le livre débute : les quatre soldats ont déjà combattu et ils savent que, l'hiver passé, les combats reprendront. Alors, dans cette espèce d'énergie du désespoir, ils vivent, ou essayent de le faire du mieux possible étant donné les conditions, malgré la solitude, l'absence des êtres chers et l'inconnue que représente l'avenir.

Pas le roman le plus optimiste que j'aie lu, bien au contraire. Malgré la froideur du récit, on finit par s'attacher à ces garçons perdus mais on sait d'emblée ou presque que leur aventure risque bien de mal finir.

Je crois qu'il faudra que je lise d'autres livres de Mingarelli pour me faire un véritable avis sur ces quatre soldats. Son écriture m'a un peu dérouté et l'absence d'espoir que j'ai ressentie en lisant ce roman, cette inéluctable marche vers le drame m'a quelque peu déconcerté... Un moment de lecture intéressant, dérangeant, à approfondir...

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