jeudi 11 août 2011

"Si la cage rend l'animal fou, que ne fait-elle pas à l'homme". (Pierre Léger)

Disons-le d'emblée, le livre dont je vais vous parler va nous faire découvrir une petite maison d'éditions, mais je ne comprends pas bien pourquoi il est étiqueté "fantastique"... Parlons-donc de "En cages", d'un jeune auteur né en 1978, Thomas Maufroid, publié aux éditions Lokomodo.




Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Edmond Elvinger, considéré comme le meilleur avocat du monde. Il défend et surtout innocente les pires personnages et repose sur une fortune et un pouvoir colossaux. Mais il est aussi l'homme qui, d'un simple claquement de doigts, peut ruiner la vie, professionnelle et personnelle de n'importe qui ; et il ne s'en prive pas.

Tout va bien, donc, jusqu'à l'appel d'un de ses clients, un homme d'affaires en vue, qui a besoin de l'aide de son avocat pour le tirer (une fois de plus) d'un très mauvais pas.

Elvinger y va toutes affaires cessantes, mais, arrivé dans le building où se trouvent les bureaux de son client, tout va partir en vrille pour le maître du barreau. Car, sans prévenir, l'ascenseur qu'il prend l'emmène au milieu de nulle part, au 666ème étage, sans rien d'autre autour de la cabine que des ténèbres...

Ainsi suspendu au milieu de... rien, l'avocat va perdre sa contenance et faire une violente auto-critique de sa vie et de sa carrière, espérant, par cette rédemption sans doute sincère, obtenir le droit de redescendre (ou remonter ?) sur terre.

Pour lui, plus dure pourrait bien être la chute...

Roberto Rodriguez est un as, un producteur vedette d'émissions de télé-réalité à succès. Comme Elvinger, il est dans son domaine le meilleur, mais aussi un véritable tyran qui tient sous sa coupe une équipe technique terrorisée. Sa nouvelle émission s'annonce comme un véritable carton. Mais ce fan de Scarface va voir son mondes'écrouler pour un tout petit détail imprévu...

Deux symboles de réussite qui vont en fait se révéler enfermés dans des cages, au sens propre comme au figuré, cages dont ils seront incapables de s'évader sans perdre de leur superbe.

Et, autour d'eux, des vautours guettent le moment de profiter de ces chutes spectaculaires. Mais seront-ils meilleurs ou plus heureux pour autant ?

Présenté, je le disais en introduction, dans une collection de romans fantastiques, "En cages", il faut le dire, est un peu un trompe-l'oeil, même si le début du récit peut y laisser croire. Il s'agit plutôt d'une satire des hautes sphères de la société, qu'elles soient d'affaires ou médiatiques. Les cages, sous toutes les formes, de toutes les matières, sont présentes en titre de chacune des 3 parties du livre et de tous les chapitres. Et effectivement, Maufroid montre que tous ses personnages sont enfermés d'une ou plusieurs façon, physiquement, mentalement, culturellement ou moralement. Ceux qui rêvent d'évasion vont quitter leurs cages initiales pour d'autres cages un peu plus dorées.

Quant à ceux qui, comme Elvinger ou Rodriguez, vont devoir forcer la serrure des cages dans lesquelles ils vont se retrouver enfermés malgré eux ou par erreur de jugement, alors, ils vont ouvrir, en même temps, la boîte de Pandore.

Difficile, sans spoiler le récit, de parler plus avant de ce roman qui me laisse une impression bizarre. Il débute dans une grande originalité, avec de très bonnes idées de départ. Mais ensuite, la critique des puissants devient plus convenue, déjà vue, osant tourner ces personnages détestables en ridicule mais sans pousser dans un grand-guignol ou un grotesque qui aurait, à mes yeux, été une plus-value.

Un premier roman qui se lit facilement et vite, qui fait franchement sourire qui qui m'a laissé un petit goût d'inachevé malgré quelques pirouettes réussies, comme cette tentative de fuite cartoonesque, lorsque l'un des personnages, fuyant la police, s'écrase lamentablement contre le verre renforcé de la fenêtre de son bureau par laquelle il voulait faire le grand saut...

Bref, pas le roman du siècle, une sympathique lecture pour un trajet en train ou une matinée à la plage (et oui, on est encore en août, quoi qu'en disent grenouilles, oracles et météorologues chevronnés).

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